Zoé Mohm, totem et bijoux

On entre chez Zoé Mohm « comme on viendrait chez le tatoueur », prévient la créatrice de bijoux qui ne travaille que sur commande. C’est-à-dire prêt à lui confier une histoire, un objet totem, une figure, un mot fétiche, qu’elle se chargera de transformer. Fille d’une assistante maternelle et d’un géomètre, elle façonne depuis trois ans des bijoux en argent, en vermeil ou en laiton, à la poésie symboliste, parfois surréaliste, influencée par son goût de l’heroic fantasy, le manga Berserk en tête. Le tout dans son appartement-atelier de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, cerné par des dizaines de pense-bête qui représentent autant de demandes particulières.
Bagues en forme de sirène ou de taureau, bracelets en métal tressé, pendentifs œil ou main, excroissances à l’évocation phallique… En fonte à la cire perdue ou bien sculptés, martelés, soudés, tordus de ses mains, enrichis de perles métalliques ou de chaînes en fils d’argent tissés. « J’ai toujours vu ma mère, qui a grandi au Cambodge, fabriquer des choses, réparer une chaussure avec un clou et un élastique, fabriquer une corde, créer un cerf-volant à partir de sacs en plastique, raconte Zoé Mohm. Elle m’a transmis cet état d’esprit du faire soi-même. »
Après une formation en broderie à l’Ecole Duperré, un diplôme aux Beaux-Arts de Lyon, des stages chez les brodeurs Montex ou Studio MTX, c’est en autodidacte et avec délectation qu’elle s’est essayée au bijou. « Cela a été comme découvrir un langage », dit la vingtenaire, qui voudrait parfaire désormais son travail du bois et de la laque. Avec le temps, elle s’est aussi mise à marier textile et métaux. « J’ai pris l’habitude de tisser mes inspirations sur un tapis en laine, comme un passage intermédiaire, avant de les exploiter en argent. Cela m’aide à être moins littérale », explique-t-elle en montrant le tapis coloré sur lequel elle travaille en ce moment, de 2 mètres par 1,50 mètre. Cette œuvre, installée dans sa chambre et sur laquelle apparaissent pêle-mêle yeux, fleurs et oiseaux, est en cours. Fixée au métier à tisser qu’elle a, évidemment, fabriqué de ses mains.
De 80 € à 450 € environ. @zoemohm
Valentin Pérez
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